L’ONG Femmes Unies Pour l’Afrique a fait ses débuts en 2023 dans le domaine de l’aide humanitaire. A l’occasion du partenariat de coopération TPSF – FUPA, nous avons pu nous entretenir avec les membres du bureau exécutif afin de vous présenter cette nouvelle organisation ambitieuse et énergique issue de la volonté des femmes de la diaspora africaine.
Le président Alain Bardot avec les membres de la FUPA lors de la création de Femmes Unies pour l’Afrique en mai 2023 (Crédit photo : FUPA).
-Présentez votre association. Comment a-t-elle été créée (quel a été le moteur derrière sa création), à l’initiative de qui, et pourquoi ?
FEMMES UNIES POUR L’AFRIQUE (FUPA) est une structure à caractère international créée par un groupe de femmes de diverses nationalités vivant dans plusieurs pays d’Afrique, d’Europe et d’Amérique qui militent pour la cause des femmes. A ce jour l’ONG est composée de 15 membres actifs évoluant sur les trois continents.
L’aventure a commencé en novembre 2022, lorsqu’un groupe de femmes, qui s’étaient rencontrées en France à Auxerre dans le cadre des activités d’une association, se sont découvert des affinités. Elles ont décidé par la suite de se rassembler à nouveau à Paris pour un moment convivial exclusivement entre femmes, et c’est à travers ces échanges qu’elles ont développé une passion commune pour les œuvres sociales et une aversion pour certains maux subis par les femmes… maux dont plusieurs d’entre elles ont également été victimes.
De ces expériences partagées est ainsi née une volonté commune de mutualiser leurs efforts afin de soutenir et faire avancer la cause des femmes, notamment celles d’Afrique qui sont relativement plus vulnérables. Les membres de la FUPA, issues de la diaspora africaine, se sont rendu compte qu’elles avaient beaucoup appris en vivant à l’étranger et qu’elles voulaient désormais transmettre ce savoir à leur tour aux femmes en Afrique qui n’ont pas eu la chance de voyager afin de les aider à améliorer leur condition.
Ayant maintenu le contact à travers une plateforme WhatsApp, et estimant que la diversité des pays de résidence des membres constituait un atout pour trouver des partenariats afin de financer des projets concrets, le groupe (qui s’est entretemps élargi par l’intégration de nouvelles adhérentes) a décidé de formaliser cette entente informelle par la création d’une structure associative officielle. La forme d’ONG s’est par la suite imposée en raison de la nature des valeurs défendues et des objectifs poursuivis. Les réunions constitutives se sont tenues en ligne. La mission assignée au départ à chaque femme était d’explorer toutes les opportunités offertes par leurs pays de résidence respectifs et leur environnement immédiat pour mener ou soutenir des actions entrant dans les objectifs de la FUPA.
L’ONG FUPA a ensuite été créée à Abidjan le 21 janvier 2023 par une assemblée générale constitutive et le bureau exécutif a été investi le 06 mai 2023. Elle a pour objectif de soutenir et accompagner la femme africaine pour qu’elle parvienne à s’émanciper sur le plan économique et social.
-A quelles difficultés vous êtes-vous confrontées pendant la création de l’association, et quels sont les obstacles que vous rencontrez encore souvent aujourd’hui ?
Paradoxalement, les principales difficultés de l’ONG proviennent essentiellement de ce qui en constitue la force : les membres vivant dans des pays et continents différents, les moindres rencontres en présentiel se révèlent très onéreuses pour certaines (par exemple celles qui habitent aux Etats-Unis ou au Canada). Par ailleurs, nos adhérentes sont si actives et dynamiques que leur indisponibilité pose par moments problème pour fixer des réunions conciliant les emplois du temps de chacune.
Cependant actuellement, l’obstacle majeur rencontré par la FUPA se situe au niveau de ses moyens ; l’ONG ne reçoit aucune subvention, et ses ressources dépendent avant tout des cotisations et des contributions des membres, ce qui limite beaucoup sa capacité à mettre en place des projets caritatifs plus « importants », bien que nous ayons déjà mené quelques initiatives avec nos moyens actuels.
-Qui sont les membres de votre association ? Quelles sont leurs motivations ?
Ainsi que nous l’avons évoqué précédemment, notre association regroupe une grande variété d’adhérentes de milieux et de nationalités différents, résidant dans divers pays d’Amérique, d’Afrique et d’Europe.
Tous nos membres sont des femmes actives : elles sont soit salariées du domaine public (particulièrement dans le domaine de l’aide sociale), soit du domaine privé ou même autoentrepreneures indépendantes. La motivation est la même pour toutes ; c’est-à-dire lutter contre certains maux qui minent la gente féminine et apporter un peu de soutien à nos sœurs dans le besoin, notamment en Afrique où les femmes sont particulièrement vulnérable .
-Qui sont les partenaires de la FUPA, hormis TPSF ?
Ainsi que nous l’avons évoqué précédemment, la FUPA est une jeune organisation en structuration, qui est encore à la recherche de partenariats visant à étendre ses relations et augmenter ses moyens afin de concrétiser ses futurs projets en Afrique. A l’heure actuelle, aucun partenariat n’a encore été acté ; cependant nous avons déjà quelques accords et des collaborations qui vont progressivement se formaliser, ainsi que la signature prochainement d’une convention-cadre finalisant le partenariat avec TPSF. Mais cela ne nous a pas empêchées de lancer d’ores et déjà plusieurs initiatives :
-Nous avons par exemple entamé une collaboration avec le Maire de la commune d’Ayamé en Côte d’Ivoire, avec qui nous avons mené une activité de sensibilisation des femmes en vue de réaliser des activités génératrices de revenu.
-Nous avons aussi obtenu l’accord de principe de Madame la Ministre de la Femme, de la famille et de I ‘enfant qui était représentée lors du lancement des activités de I ‘ONG à Abidjan le 21 janvier 2023. . Nous comptons d’ailleurs rechercher d’autres partenariats avec des femmes élues africaines dans le cadre de notre objectif de valorisation du mérite féminin.
-A court terme il est prévu une activité de don de couches réutilisables confectionnées à base de produits locaux par une entrepreneure béninoise membre de la FUPA, à des maternités des quartiers précaires.
-Nous sommes également en collaboration avec la direction de la coopération décentralisée du ministère de l’intérieur et de la sécurité, avec lequel nous envisageons de mener un projet de sensibilisation et de formation des femmes des associations implantées dans les collectivités ivoiriennes sur la violence basée sur le genre et les droits des femmes (dans le foyer ,en matière de succession, etc…) ;
-Nous avons enfin en France un projet en cours avec l’artiste Mme Babin Catherine visant à réaliser conjointement en France et en Côte d’Ivoire, un film documentaire et des activités de sensibilisation sur les violences faites aux femmes.
-Pourquoi avez-vous choisi TPSF en tant que partenaire ?
Le principe fondateur de la FUPA est que chacune des membres doit chercher à exploiter toutes les opportunités de son environnement local qui pourraient servir à la cause de la FUPA. C’est dans ce cadre que l’une de nos membres, en collaboration avec TPSF, a ainsi partagé avec les autres l’opportunité que représentait TPSF pour la FUPA, en lui permettant de s’allier à une organisation structurée qui dispose également d’une expérience certaine dans les domaines de conception/pilotage de projets et la recherche de financements pour les concrétiser.
Etant une jeune organisation, nous manquons encore d’expérience dans ces domaines, et nous n’avons pas forcément pour l’instant un réseau de partenaires suffisamment étoffé pour nous lancer dans de grandes initiatives longues, coûteuses et logistiquement complexes. C’est pourquoi nous aimerions d’abord commencer par nous associer aux projets de TPSF qui correspondent aux valeurs défendues par la FUPA (comme par exemple le Projet de Centre Médical de Zanvé au Togo) afin d’acquérir une expérience et une crédibilité internationale qui feront de la FUPA une future ONG référence en matière de féminisme africain, et qui nous permettra plus tard de porter nos propres projets.
Nous pensons toutefois que ce partenariat pourrait être mutuellement bénéfique : de par notre diversité de cultures et d’origines, nous connaissons la vie des femmes africaines et les difficultés auxquelles elles peuvent être confrontées dans leur quotidien. De ce fait nous pourrions soutenir TPSF dans sa volonté de développer sa composante genre et égalité dans chacun de ses projets, et aussi appuyer ses efforts de sensibilisation sur ses initiatives humanitaire vis-à-vis des populations locales, surtout quand ces projets auront une incidence directe sur la vie des femmes. En effet la FUPA partage la même vision que TPSF sur les question de genre, d’égalité des sexes, et notamment sur la question de l’accès à l’eau potable, un enjeu majeur de développement en Afrique… qui demeure aujourd’hui encore étroitement lié à la condition des femmes, puisque c’est souvent à elles qu’il revient d’en assurer l’approvisionnement pour le foyer : au Bénin par exemple, les femmes qui sont de corvée d’eau ne peuvent pas s’émanciper correctement. Il y a aussi un problème d’égalité des sexes inhérent aux cultures locales : par exemple souvent, les parents préfèrent éduquer leurs fils plutôt que les filles, reléguant ces dernières au second plan de la famille (certaines filles n ‘ont même pas de certificats de naissance).
Cet environnement de précarité favorise le fait que les femmes très jeunes se mettent en couple et tombent enceintes pour assurer leur vie, mais elles se placent ainsi bien souvent en position d ‘ infériorité vis-à-vis de leur conjoint travailleur soutenant financièrement la famille. Dans cette situation, sans éducation ni moyens financiers, les jeunes femmes se retrouvent alors dans une position qu’elles ne peuvent quitter facilement et qui les rend vulnérables aux abus de leur conjoints. Cette tendance est heureusement en train d’évoluer aujourd’hui… mais trop lentement, car le pourcentage de jeune filles enceintes dans la région d’Afrique de l’Ouest demeure très élevé, une situation qui est aggravée par le fait que dans ces régions la contraception n’est pas aussi facilement accessible qu’en Occident. C’est pourquoi les initiatives comme celles portées par TPSF afin d’améliorer le niveau de vie des populations locales sont si importantes pour élever la condition des femmes africaines ; et c’est pourquoi la FUPA veut s’y associer.
-Quelles sont vos ambitions pour l’avenir ?
Pour commencer dans un premier temps, nous visons à développer la visibilité de la FUPA à l’international et à étendre notre réseau de partenaires (ce par le biais de collaborations et d’initiatives caritatives, déjà évoquées lors des questions précédentes) afin de nous donner les moyens de nos ambitions. Dans cet objectif, nous plaçons de très grands espoirs dans notre partenariat avec TSPF.
Dans un second temps, nous avons en vue un projet majeur, qui serait la construction d’un centre d’accueil, de prise en charge et d’hébergement d’urgence pour les femmes victimes de violences conjugales, délit malheureusement bien trop commun en Afrique. L’idée est parti du décès d’une célèbre artiste gospel nigériane OSINACHI, sauvagement tuée après de longues années de maltraitance par son mari. Les cas similaires sont hélas légion en Afrique. Néanmoins nous estimons que notre futur centre pourrait constituer un facteur dissuasif réduisant le nombre de victimes de violences, surtout s’il propose en plus un soutien juridique et des initiatives de sensibilisation permettant aux femmes de prendre connaissance de leurs droits et de les faire valoir en justice. Le premier centre serait installé en Côte d’Ivoire, puisque c’est là qu’est basé le siège de la FUPA, mais à terme nous aimerions exporter le concept à d’autres pays. Nous voyons TPSF comme un partenaire indiscutable dont le soutien logistique nous permettrait de concrétiser ce projet.
Présidente Nicole Kragbe
Nous contacter :
Contact TPSF : Ong-tpsf@gmail.com
Contact FUPA : nicolkragb@gmail.com