La 28e Conférence des parties (COP28) sur le climat s’est tenue du 7 au 18 novembre 2023 à Dubaï, aux Émirats arabes unis. Ce sommet sera l’occasion pour les pays signataires de l’Accord de Paris de faire le point sur leurs engagements et leurs actions pour limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C d’ici la fin du siècle. Quels sont les enjeux et les défis de cette COP28 ? Quel rôle peut jouer l’Afrique dans la lutte contre le changement climatique ? Quelles sont les attentes et les critiques vis-à-vis de la ville hôte, Dubaï, souvent accusée d’être une « aberration écologique » ? Nous nous sommes penchés sur la question.
Les enjeux et les défis de la COP28
La COP28 intervient six ans après l’adoption de l’Accord de Paris, qui vise à maintenir l’augmentation de la température moyenne mondiale bien en dessous de 2 °C, et si possible à 1,5 °C, par rapport aux niveaux préindustriels1. Pour atteindre cet objectif, les pays doivent soumettre leurs contributions déterminées au niveau national (CDN), qui définissent leurs engagements en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre et d’adaptation aux impacts du changement climatique. Or, selon le rapport du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) publié en 2022, les CDN actuelles sont insuffisantes pour respecter l’Accord de Paris1. Si elles sont mises en œuvre intégralement, elles conduiraient à une hausse de la température de 2,7 °C d’ici 2100. Il faudrait donc que les pays rehaussent leurs ambitions et accélèrent leurs actions pour combler l’écart entre les émissions actuelles et les niveaux compatibles avec l’Accord de Paris.
La COP28 sera donc l’occasion pour les pays de présenter leurs nouvelles CDN, plus ambitieuses et plus crédibles, ainsi que leurs stratégies à long terme pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. La COP28 devra également aborder d’autres questions cruciales, comme le financement de la lutte contre le changement climatique, notamment le respect de l’engagement des pays développés à mobiliser 100 milliards de dollars par an d’ici 2020 pour soutenir les pays en développement, ou encore le renforcement des mécanismes de coopération internationale, comme les marchés du carbone ou les transferts de technologies1. La COP28 devra également traiter du sujet sensible des « pertes et dommages », c’est-à-dire des impacts irréversibles du changement climatique qui affectent les pays les plus vulnérables, comme les petits États insulaires ou les pays africains1.
Le rôle de l’Afrique dans la lutte contre le changement climatique
L’Afrique est le continent le plus touché par le changement climatique, alors qu’il n’est responsable que de 4 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre2. Selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), l’Afrique pourrait connaître une augmentation de la température moyenne de 3 °C à 6 °C d’ici la fin du siècle, avec des conséquences dramatiques sur la sécurité alimentaire, la santé, la biodiversité, l’accès à l’eau ou encore la paix et la stabilité2. Face à ce défi existentiel, l’Afrique a montré sa volonté et sa capacité à agir pour le climat. Lors de la COP21 à Paris en 2015, l’Afrique a présenté des CDN ambitieuses, qui visent à réduire ses émissions de 32 % d’ici 2030 par rapport au scénario tendanciel, sous réserve du soutien financier et technique des pays développés2. L’Afrique a également lancé des initiatives régionales et continentales pour renforcer sa résilience et sa transition vers une économie verte et inclusive, comme l’Initiative africaine pour les énergies renouvelables, la Grande muraille verte (sur laquelle nous avons aussi écrit ici), l’Alliance africaine pour l’adaptation ou encore l’Agenda 2063 de l’Union africaine2.
L’Afrique attend donc de la COP28 qu’elle reconnaisse sa contribution et ses besoins spécifiques dans la lutte contre le changement climatique. L’Afrique demande notamment que les pays développés respectent leurs engagements financiers, qu’ils augmentent leur soutien à l’adaptation, qu’ils facilitent l’accès aux technologies propres et qu’ils prennent en compte les pertes et dommages subis par les pays africains2. L’Afrique souhaite également renforcer sa voix et sa participation dans les négociations climatiques, en s’appuyant sur la solidarité et la coordination entre les pays africains et avec les autres pays en développement2.
Les attentes et les critiques vis-à-vis de Dubaï, la ville hôte de la COP28
Dubaï, la ville hôte de la COP28, est souvent critiquée pour son modèle de développement basé sur la consommation excessive d’énergie et d’eau, la production de déchets et l’émission de gaz à effet de serre. Selon le rapport Ecological Footprint Atlas 2022, Dubaï affiche une empreinte écologique par habitant de 9,5 hectares globaux (gha), soit plus du double de la moyenne mondiale (4,2 gha) 3. La ville consomme également beaucoup d’énergie et d’eau, notamment pour alimenter ses systèmes de climatisation et ses stations de dessalement. Dubaï est ainsi considérée comme une « aberration écologique », qui contraste avec les objectifs et les principes du développement durable3.
Face aux critiques, les autorités de Dubaï affirment avoir pris des mesures pour réduire leur impact environnemental, comme l’adoption d’un plan stratégique 2021-2030 qui vise à réduire les émissions de gaz à effet de serre de 16 % d’ici 2030, ou encore le développement des énergies renouvelables, notamment solaires4. Dubaï se présente ainsi comme un exemple de transition écologique dans la région du Moyen-Orient et du Nord de l’Afrique, qui est confrontée à des défis majeurs liés au changement climatique, comme la sécheresse, la désertification ou la montée du niveau de la mer. Dubaï espère également profiter de la COP28 pour renforcer son attractivité et son rayonnement international, en mettant en avant ses atouts économiques, culturels et touristiques4.
Conclusion
La COP28 sera un rendez-vous crucial pour l’avenir du climat et du développement durable. Les pays devront faire preuve de responsabilité, de solidarité et d’ambition pour respecter l’Accord de Paris et éviter les conséquences catastrophiques du changement climatique. L’Afrique aura un rôle important à jouer dans ce sommet, en tant que victime et acteur du climat. Dubaï, la ville hôte, devra quant à elle démontrer sa capacité à se transformer en un modèle de développement durable pour sa région et pour le monde.
-Altermatt Bastien
Références:
1. [Rapport sur l’écart entre les besoins et les perspectives en matière d’émissions 2022]
2. [Rapport 2022 sur le développement durable en Afrique]
3. [COP28 Dubai : la ville hôte critiquée pour ses aberrations écologiques]